Projets : World Brain

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Stéphane Degoutin, Gwenola Wagon, 2012-2014.

Une production de Irrévérence Films.

Co-Production et diffusion : Arte Créative, Pictanovo, Le Fresnoy et avec le soutien du CNC.

World Brain décrit le réseau planétaire qui nous englobe et propose des outils théoriques pour le comprendre. Il envisage les effets pervers de la connexion généralisée et le risque d’engourdissement dans l’intelligence collective. Il expose des scénarios pour la survie de l’humanité. Son but est de proposer un projet pour l’homme, dans le contexte de la connexion généralisée.

À la manière du Whole Earth Catalog de Stewart Brand, il rend ces ressources accessibles en ligne. À la fois carte interactive, film et livre, l’interface de World Brain donne accès à une série de films courts, à des textes, à différents médias et à des liens vers d’autres sites. La forme de la carte permet d’organiser des contenus précis, complets et hiérarchisés, regroupés autour de trois approches:

Capture de la maquette du projet World Brain.

Projet de carte-interface qui donne une vue panoramique sur les ressources.

L’architecture du réseau mondial

World Brain propose une plongée connectée à l’intérieur des lieux physiques par lesquels transite le réseau internet: câbles sous-marins, data centers, satellites. Le spectateur voit le monde comme s’il était une information, traversant la planète de manière quasi instantanée, recopiée à l’infini, ou au contraire stockée dans des lieux maintenus secrets. Le film suit les ramifications du réseau mondial, en montrant l’infrastructure matérielle des réseaux des data centers et des câbles sous marins.

Un câble sous-marin de fibre optique.

Utopies du cerveau mondial

À cette exploration se superpose une enquête sur les utopies et les idéologies liées à l’émergence d’une intelligence collective et à l’hypothèse d’un cerveau mondial qui connecte tous les individus de manière irrémédiable: l’utopie réalisée de l’universalisme sans échappatoire, l’individu emprisonné dans le global.

D’autres futurs pour l’humanité connectée

Le film montre les pérégrinations d’un réseau de chercheurs nomades, qui se réunissent loin des réseaux, dans les forêts de la planète. Ces chercheurs ont pour objectif de lutter contre l’obsolescence programmée de l’homme, entretenue par le World Brain. Ils veulent transformer le monde et imaginent différents scénarios prototypes réalisables pour des modes de vie expérimentaux, à partir de la connexion généralisée des individus entre eux.

Wiki Forest. Projet de laboratoire au Zoo de Vincennes.

L’humanité connectée

World Brain dresse une brève histoire du fantasme de l’échange d’informations entre cerveaux. L’idée émerge bien avant Internet: galvanisme, magnétisme animal, fluide, mesmérisme, éther, cinquième élément, spiritualisme, télégraphe spirite… Puis elle devient réelle dans le sémaphore de Chappe, le télégraphe de Morse, le téléphone, la cybernétique, et la lente création d’Internet.

L’idée de cerveau mondial est passée de la spéculation intellectuelle à la réalité quotidienne. L’utopie a basculé brusquement du fantasme au réel. Les êtres humains, tous reliés entre eux par l’intérieur, forment un superorganisme. L’humanité a commencé la fabrication d’un cerveau mondial, qu’elle construit laborieusement, synapse par synapse. Plusieurs auteurs ont imaginé une conscience collective, qui émergerait de la connexion universelle des pensées, notamment Ernest Renan (L’Avenir de la science, 1848), Joseph Dejacque (L’Humanisphère, 1899), Pierre Teilhard de Chardin (Le Phénomène humain, 1955), ou encore Howard Bloom (Global Brain, 2001). Cette théorie imagine l’espèce humaine unifiée. Elle conduit souvent à une vision mystique ou prophétique, parfois reliée à l’idée de biosphère et à l’hypothèse Gaia.

Une souris connectée par le cerveau (Duke University).

World Brain Project / Whole Earth Catalogue

Édité de 1968 à 1972, le Whole Earth Catalog regroupait des livres, des articles et des outils pour comprendre le monde. Le projet avait pour premier public les membres des communautés utopiques de l’époque. Il proposait un moyen de se repérer dans les systèmes et des solutions pour des modes de vie alternatifs. Il détournait la structure du catalogue de vente par correspondance pour promettre à ses lecteurs “l’accès aux outils et aux idées” (“access to tools and ideas”).

World Brain se veut lui aussi une base de ressources pour des modes de vie alternatifs, adaptés au contexte de la mise en réseau universelle. Outil en réseau pour comprendre le monde de l’hyperconnexion, il comporte une dimension documentaire, qui a pour but de décrire les conditions d’apparition du cerveau mondial, et une dimension démonstrative, qui donne accès aux outils et aux idées permettant de transformer le monde.

Image du Whole Earth Catalogue.