Présentation / Archive

Esthétique des nouveaux médias

Après avoir longtemps travaillé sur l’interactivité en art, l’équipe élargit son horizon tout en se concentrant sur des thèmes et objets de recherche spécifiques. L’équipe aborde la façon dont les artistes ont mis en œuvre de nouvelles modalités relationnelles — ces formes de relations faisant elles-mêmes œuvre — par l’emploi, le développement, le détournement et l’invention de techniques et technologies pour l’essentiel électroniques et numériques. Divers aspects de ses programmes visent à décrire, analyser et expérimenter des démarches artistiques et des œuvres, des attitudes et des événements, des expérimentations, des expositions. Il ne s’agit pas de tracer les frontières d’un genre artistique autonome mais de repérer et de nommer des intentions et des figures, de tenter des rapprochements, des filiations et des comparaisons et donc de contribuer à une recherche artistique qui, pour relever sans cesse de la « nouveauté », tarde à construire sa compréhension esthétique et à trouver sa perspective et sa complexité historique.

Éléments du bilan récent

L’équipe a accueilli, de 2004 à 2007, le programme « Paysage technologique. Théories et pratiques autour du Global Positioning System » mené au sein d’ « Art, architecture et paysage » subventionné par la Direction de l’architecture et du patrimoine (DAPA, Ministère de la Culture). Ce travail a assumé plusieurs thèmes : une cartographie des théories sur l’émergence et l’affirmation de liens de plus en plus intenses entre technologies et paysage, des monographies d’œuvres artistiques utilisant le GPS, des entretiens avec des théoriciens et des artistes.

Tout un pan de la recherche s’est appuyé sur une collaboration avec le Festival « Pocket Films » (Forum des Images et centre Pompidou, 2005, 2006, 2007) et avec l’Université des arts de Tokyo, département de Nouveaux médias et Cinéma. Il s’agit des films sur téléphone, de l’expérimentation des usages artistiques des téléphones-caméras. L’apport des chercheurs de Paris 8, au delà des nouvelles modalités de tournage et de montage liées à l’extrême légèreté de l’appareil, a été de prendre en compte le contexte signifiant de la réception de tels films, comme sa dimension performative.

L’élargissement du champ de recherche sera rendu possible par l’apport de nouveaux enseignants-chercheurs, par l’accès à l’habilitation à diriger des recherches de plusieurs enseignants et, par conséquent, grâce à l’augmentation du nombre des doctorants. Il faut souligner que la sous-équipe, sans être formellement une « jeune équipe », — le choix ayant été fait de ne pas séparer les recherches sur les arts des nouveaux médias de l’étude générale des arts contemporains —, a bénéficié de la dynamique d’un groupe important de doctorants, jeunes scientifiques eux-mêmes impliqués dans la création et l’enseignement de haut niveau dans plusieurs disciplines artistiques et théoriques. Le travail sur les « arts de la relation » concerne toutes les disciplines artistiques et suppose des approches qui relèvent aussi bien de l’esthétique que de l’histoire de l’art, des sciences technologiques que des sciences cognitives, des sciences du langage que de la sociologie.

L’accent mis sur la diffusion des résultats et la valorisation est homogène aux objets mêmes de la recherche sur les nouveaux médias en art : publications, édition d’ouvrages spécialisés, livres, sites Internet et DVD, organisation de colloques, production d’œuvres-prototypes, contribution à des expositions, organisation d’expositions spécifiques, échanges en réseau.

Les objectifs de programme : deux axes, trois thèmes.

1. Un axe explicitement théorique et encyclopédique

L’ancienneté de la recherche sur les arts des nouvelles technologies à l’Université Paris 8 (contemporaine de la fondation même des départements d’art en 1969) lui donne le privilège et l’obligation de travailler à la constitution d’une histoire de ces arts auxquels elle a elle-même contribué. Plusieurs de ses enseignants-chercheurs se sont placés ainsi en position d’historien des arts des nouveaux médias, avec, à l’appui, leur propre expérience et leur propre observation.

Le cycle des conférences, intitulé « Observatoire des nouveaux médias », conduit en coopération avec l’Université Paris 1 et l’École nationale supérieure des arts décoratifs, sera poursuivi et diversifié en même temps que sera consolidé le dispositif de publication en ligne sous forme de vidéos indexées déjà expérimenté.

La sous-équipe « Esthétique des nouveaux médias » met en place, en s’appuyant sur son expérience en matière de documentation et publication multimédia, un axe dédié à l’histoire et à l’analyse esthétique des arts des nouveaux médias, avec une vocation documentaire et analytique affirmée.

2. Un axe expérimental et pluridisciplinaire, appuyé sur des projets concrets et ciblés

2.1. « Médias localisés, implications artistiques et documentaires »

Dans le contexte de la diversification et de la diffusion extrême des écrans mobiles et de leur convergence avec les fonctions de localisation, un ensemble de recherches, d’expérimentations et de créations peuvent avoir lieu autour de ce que l’on nomme aujourd’hui « locative media » (médias localisés). Aux PDA, iPod, consoles de jeu portables, téléphones, récepteurs GPS, peuvent s’adjoindre des capteurs de position à diverses échelles (accéléromètres, compas numériques, etc.). Seront ainsi abordées des questions d’investigation de l’espace, de distribution et d’échange d’informations, de couplage avec la vidéo, le texte ou le son. Sera également identifiée la mutation liée à la singularité du contexte de la réception et de la consultation. Le principe d’écran mobile peut s’associer aux espaces tridimensionnels, aux nouvelles formes de cartographie et à la réalité augmentée ainsi qu’à Internet. Pour étayer ce thème, l’équipe a organisé en 2008 un colloque centré sur la mobilité et les médias localisés et leurs implications dans l’art contemporain, en coopération avec l’Ensad et Paris 1 : « Formes de la mobilité ». Plusieurs projets expérimentaux sont déjà conçus, d’autres sont à préciser : « Suppléments aux monuments » travaille à la performance que constituent des sons attachés à des lieux, à découvrir par des personnes équipées de dispositifs de géolocalisation ; « Histoires mobiles » met en ouvre des écrans mobiles portant des récits variables selon leurs déplacements ; « The Figure in the Landscape » considère la rencontre entre médias localisés et paysages comparés des traditions européennes et extrême orientales.

2.2. « Récits et dispositifs relationnels »

Il s’agit du développement de l’étude théorique, esthétique et technologique tournée vers les formes, les procédures et les dispositifs appuyant la notion de ce qu’il est convenu de nommer récit non linéaire ou à accès variable. Ces recherches porteront donc simultanément sur les modalités de mise en ouvre de la relation au spectateur, de la relation performative du spectateur à la proposition. Impliquant notamment la vidéo, le texte et le son, travaillant sur l’invention d’interfaces spécifiques, pertinentes et signifiantes, ces travaux peuvent s’orienter vers les installations artistiques, vers l’exploration d’un cinéma interactif, vers les arts de la scène et de la performance comme vers des propositions informationnelles et muséographiques. Les mutations du récit s’appuient en outre sur de nouveaux dispositifs chrono-photographiques et sur diverses modalités d’un « cinéma variable », d’un « cinéma de l’accès », des « réservoirs d’images ».

2.3. « Description interactive des œuvres et des collections »

Au-delà de l’interactivité qui permet une circulation dans les banques d’images, des repérages, des sélections, des confrontations, des associations d’informations, cette recherche peut se porter sur une voie plus inédite qui est celle de la dimension de représentation que porte l’interactivité elle-même. Se confirmera l’hypothèse que l’image interactive est à même de restituer, mais aussi de saisir, diverses formes de relations. Des relations qui sont de l’ordre de la désignation, de la consultation, mais aussi de la perception sensible, de la manipulation, sont à même d’être produites ou reproduites par l’image interactive. Les relations logiques et sensibles ainsi modélisées et restituées sont aussi bien celles qui se jouent entre le public et les ouvres que celles qui ressortissent à l’accrochage, à la muséographie, aux ouvres entre elles. Seront ainsi poursuivies des expérimentations portant sur divers procédés de prise de vues conçus dans la perspective spécifique de l’image vidéo-interactive. En dehors des ouvres d’art ou de design, ces recherches peuvent inclure divers objets conservés dans des collections et notamment ceux dont il s’agit de restituer le fonctionnement et l’usage.