Journées d’étude : « Mobile-Immobile », 9 janvier 2008

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Dans la perspective du colloque d’octobre 2008 Mobilisable, inscrit dans le programme « Formes de la mobilité » (en collaboration avec le Cycle supérieur de recherche, création et innovation de l’Ensad-EnsadLab), l’équipe Esthétique des nouveaux médias/EA4010 Arts des images et art contemporain/Université Paris 8, organise une première journée à l’Université Paris 8, le mercredi 9 janvier 2008, de 9h30 à 18h30 sur le thème: « Mobile-Immobile ».

Liste des intervenants, par ordre alphabétique.

Samuel Bianchini
« Sur place : une double mobilité – Mobilité située et mobilité en situation »

Jean-Louis Boissier
« Les Immobiles ».
Pour qualifier la forme que prennent les opérateurs de la mobilité dans les mondes numériques, je propose d’essayer le terme « Les Immobiles ». Avec le concept d’ « Immatériaux » (1985), Jean-François Lyotard désignait non pas l’immatériel, mais une modalité du matériau qui, pour le dire simplement, est fondé sur le langage et les codes et sur la communication.
On pourrait aussi se rapporter à des mots et concepts tels que : « L’Informe » — Georges Bataille a défini ainsi l’informe en 1929: « Un mot dont la besogne est de déclasser, défaire la pensée logique et catégorielle, d’annuler les oppositions sur lesquelles se fonde cette pensée (figure et fond, forme et matière, forme et contenu, intérieur et extérieur, masculin et féminin, etc.) ». Rosalind Krauss puis Georges Didi-Huberman ont repris ce terme pour le champ artistique) —; ou encore « Les Incorporels » — référence à la physique des stoïciens développée par Anne Cauquelin  pour cerner les structures mises en place par les technologies du virtuel —.
Dès lors on constate que beaucoup des « mobiles » que nous sommes ou que nous employons méritent leur classement parmi Les Immobiles. Dans un premier temps, avant de tenter la théorie des Immobiles, on peut en faire un début d’inventaire descriptif.

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Masaki Fujihata et Yuji Dogane, Botanical Ambulation Training, 2007 (photo JLB, Tokyo, 12 déc. 2007) Exposition  « Silent Dialogue », ICC, Tokyo.

Alain Cieutat
« Mobilier: aspects de la mobilité ».
Comme préambule, on peut regarder ce document sur la pièce de Max Dean, Raffaello D’Andrea et Matt Donovan: Robotic Chair (1984-2006). Plus d’informations sur le site. Il s’agit d’un film réalisé par Peter Lynch qui provient du site de Raffaello D’Andrea.

Caroline Delieutraz
« Du téléphone fixe au téléphone mobile: la question de l’enregistrement »
Le téléphone mobile n’est pas seulement « un fixe qui aurait perdu son fil ». Outre le transport de la voix, il permet la production, la transmission et la lecture d’enregistrements de tous types. Les artistes utilisant le téléphone filaire ont montré à quel point les télécommunications contribuent à produire de nouvelles perceptions spatiales et temporelles de la réalité. Or, les récentes avancées technologiques liées à la téléphonie mobile modifient encore notre façon d’appréhender le réel. Comment les artistes abordent-ils ces changements? Une majorité d’œuvres récentes exploitent non pas le transport immédiat de la voix mais les multiples possibilités de production et de transmission d’enregistrements. Au sein de dispositifs artistiques complexes et spécifiques, les différents types d’enregistrements cohabitent et prennent un sens par leur circulation entre les espaces privés et publics, entre les individus et les groupes.

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The Disembodied Art Gallery, Temporary Line, 1993-1994.

Daniel Sciboz
« Locative Workshop »

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Scary Asian Men
, Banu Cennetoglu, 2005–7. ‘Optimism in the age of Global War’, Biennale d’Istanbul, 1er novembre 2007.

Liliane Terrier
« Interroger physiquement l’acte de regarder »
Revenir sur la proposition de Gary Hill « Interroger la vision en tant qu’approche a priori pour expérimenter le monde », — décrite dans un entretien de cet artiste avec Geoffroy de Volder, dans la revue Dits, n°2, 2003, et évoquée à propos de GPS Movies 2, en 2006, dans une précédente journée d’études —, en 7 points : 1. Les installations-performance-vidéo de Gary Hill; 2. Poiesis: Redéfinition par Georgio Agamben; 3. « Un monde pour l’existence et l’action de l’homme »: le nôtre; 4. « Au cœur des images, du langage et du temps »; 5. Par le pétrole et la gazoline, on peut faire un détour par Ed Ruscha; 6. L’extérieur traite du social: Ed Ruscha, Rober Baer; 7. Syriana de Stephen Gaghan, chapitres 28, 29, 30 du DVD.

Nicolas Thély
« Les résidences fictives »
En quatre liens Internet : Résidence Minimum-Exemplaire; The Ghost residence; Résidence silence; Popo Institute.

Andrea Urlberger
« Les figures de l’arrêt ». Résumé.
Si les usages des médias localisés et notamment le GPS sont indéniablement liés à la mobilité, son contraire, c’est-à-dire la prise en compte de l’arrêt, apparaît également dans la plupart des propositions artistiques utilisant ces instruments. Représenter l’arrêt, cette absence de mouvement s’appuie sur l’utilisation de la donnée temporelle des coordonnées produites, car le GPS enregistre une localisation, peu importe si le récepteur est en mouvement ou non. Dans NomadicMILK de l’artiste hollandaise Esther Polak, un petit robot retrace avec du sable les différents parcours d’un peuple semi-nomade nigériens, les Foulani et des transporteurs de lait au Nigeria, matérialisant l’arrêt par des petits tas de sable dont la hauteur est déterminée par la durée de l’arrêt. Dans Field-Works@Alsace de Masaki Fujihata, l’arrêt se matérialise lors de la rencontre avec l’autre, il faut s’arrêter pour pouvoir échanger. Cet arrêt propose une représentation qui se construit essentiellement à travers la perception du paysage par ses habitants. Gravicells de Seiko Mikami utilise également l’arrêt, mais c’est celui du spectateur. Son arrêt et son « poids », c’est-à-dire sa gravité, déclenche la projection d’un paysage 3D. Pour Hendrik Sturm l’arrêt lors d’une marche est symbolisé par des cercles plus ou moins grands qui s’inscrivent dans une carte. Le recouvrement « graphique » de la  carte est plus important si un arrêt se prolonge.
L’arrêt signifie l’enregistrement d’une absence de mobilité. Cette absence permet parfois une pénétration et une compréhension plus importantes du territoire parcouru. Produisant une autre forme de présence, la représentation spatiale de l’arrêt s’apparente parfois au tas (voir le tas de sable dans NomadicMILK d’Esther Polak), au face à face (voir Field-Works@Alsace de Masaki Fujihata) ou au cercle (voir Marcher d’Hendrik Sturm). Pourtant, l’arrêt enregistré par le GPS n’est jamais total. C’est une oscillation, un cumul, une hésitation. En effet le GPS est exact à plus ou moins 10 mètres. En conséquence, même à l’arrêt, le signal hésite. Ce n’est pas uniquement le mouvement qui produit des savoirs, mais également son absence. S’arrêter peut signifier l’ouverture d’un espace de réflexion et permet de montrer comment l’absence de mouvement signifie une autre possibilité de pénétrer, voire de creuser, dans les territoires. Loin d’être figées, ces figures de l’arrêt indiquent que l’immobilité territoriale autorise différentes formes de compréhension territoriale, ouvrant aussi sur des espaces de la rencontre, de l’échange, de la pensée et de la réflexion. Parallèlement, rendre l’arrêt explicite permet d’interroger l’éloge de la mobilité, voire l’illusion de la mobilité totale, et peut trouver des résonances dans des situations géopolitiques plus larges.
Liens :
Entretien d’Esther Polak avec Andrea Urlberger

Paysage technologique — théories et pratiques autour du Global Positioning System ».

Gwenola Wagon et Stéphane Degoutin
« Voyages Immobiles à Châtelet-Les-Halles »

voyage_immobile
Nogo Voyages, Voyage immobile au Forum des Halles

Yi-Hua Wu
« Day of the Figurines par Blast Theory : une illustration du théâtre techno-nomade comme reflet de la situation post-dramatique ».

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Image © www.blasttheory.co.uk
Liens : Ju Row Farr (Blast Theory): Entretien avec Andrea Urlberger, 12 février 2007, Brighton; http://proboscis.org.uk/

Anne Zeitz
« Mouvement-observation-contrôle »
L’ultra-mobilité des caméras de surveillance sera le thème de cette communication en regard de trois films d’Harun Farocki: la vision aérienne dans Images du monde et inscription de la guerre, puis une certaine vision armée mais immobile dans Images de prisons, puis les caméras kamikaze dans Eye/Machine.

harunfarocki
Harun Farocki, Images de prisons, 2000, video still.
Lien: «Une analyse de Deep Play de Harun Farocki» sur AdNM.