Junichirô Tanizaki, Éloge de l’ombre. Max Millner, L’envers du visible. Essai sur l’ombre.

 

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Junichirô Tanizaki, Éloge de l’ombre, Verdier, 2011

 

« Car un laque décoré à la poudre d’or n’est pas fait pour être embrassé d’un seul coup d’œil dans un endroit illuminé, mais pour être deviné dans un lieu obscur, dans une lueur diffuse qui, par instants, en révèle l’un ou l’autre détail, de telle sorte que, la majeure partie de son décor somptueux constamment caché dans l’ombre, il suscite des résonances inexprimables.De plus, la brillance de sa surface étincelante reflète, quand il est placé dans un lieu obscur, l’agitation de la flamme du luminaire, décelant ainsi le moindre courant d’air qui traverse de temps à autre la pièce la plus calme, et discrètement incite l’homme à la rêverie. N’étaient les objets de laque dans l’espace ombreux, ce monde de rêve à l’incertaine clarté que sécrètent chandelles ou lampes à huile, ce battement du pouls de la nuit que sont les clignotements de la flamme, perdraient à coup sûr une bonne part de leur fascination. Ainsi que de minces filets d’eau courant sur les nattes pour se rassembler en nappes stagnantes, les rayons de lumière sont captés, l’un ici, l’autre là, puis se propagent ténus, incertains et scintillants, tissant sur la trame de la nuit comme un damas fait de ces dessins à la poudre d’or. » Extrait inhttp://www.editions-verdier.fr/v3/oeuvre-elogeombre.html#top
Lien >http://passouline.blog.lemonde.fr/2011/05/08/tanizaki-nous-fait-encore-de-lombre/

 

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Max Milner. L’envers du visible. Essai sur l’ombre, Seuil, 2005.

«Que devient le regard quand la lumière s’absente ? Que voit-on dans l’ombre ? Que voit-on de l’ombre ? Dans quelle mesure l’ombre affecte-t-elle la visibilité du monde et son intelligibilité ?
Puisant aux sources de la philosophie, de la mystique, de l’histoire de l’art, de la littérature et du cinéma, Max Milner explore les rapports complexes du clair et de l’obscur. De Platon à Diderot, du Caravage à Goya, de Virgile à Blanchot…, autant d’arrêts sur image propices à une réflexion sur la fascination qu’exerce l’ombre, autant d’incitations à faire contrepoids à la « surexposition » d’un monde où règne, souvent aux dépens de la vérité et de la profondeur, une tyrannie du visible. Rendre à l’image sa part d’ombre, scruter les voies qui conduisent de l’obscur à l’illimité et au transcendant, explorer les envers d’une réalité dont la face lumineuse ne contient pas tous les secrets, tel a été le but des penseurs et des artistes dont il est question dans ce livre.» in http://www.franceculture.fr/oeuvre-l-envers-du-visible-essai-sur-l-ombre-de-max-milner.html