Fluctuante

Piero Gilardi


25 juin 2010, Centre de Création Contemporaine de Tours, rétrospective Piero Gilardi, «Leçon de choses». © transports-design

Piero Gilardi fait la démonstration de sa Macchina per discorrere (Machine pour discourir, de la série «Macchine per il futuro», sa première exposition), 1963, bois et matériel électrique, collection de l’artiste.
«Avec ‘Macchine per il futuro’ j’ai rompu avec la ‘peinture’. L’exposition consistait en une sorte de diaporama technoscientifique sur la civilisation cybernétique du futur; un geste dadaïste et radicalement anti-esthétique. Je me souviens avoir présenté ce travail à Lucio Fontana qui m’a généreusement dit que j’explorais ‘l’au-delà’ de sa lacération de la toile.» Piero Gilardi, «Andrea Bellini, Entretien avec Piero Gilardi», jrp ringier, 2012, p. 154.

Stéphane Elbaz


Stéphane Elbaz, Dièdre iconique technique, installation vidéo, 2004. © transports-design

Conception et réalisation : Stéphane Elbaz
Production : Atelier de recherches interactives, Ensad, Paris, exposé dans Jouable 3
Les deux vidéos sont la trace d’une performance où le son génère de la lumière et se trouve ainsi à l’origine de la visibilité. La première figure un parcours dans un espace obscur où le seul moyen d’avancer est de crier afin de voir. La seconde montre l’éclairage, par ce même son, d’un personnage statique. Présent comme témoin, l’outil de captation —le module électronique associé à une caméra et à un projecteur— est exposé en arrière-plan, derrière les moniteurs vidéo, de manière à ce qu’il soit visible, sans être accessible.

Yaacov Agam


Agam, Espace rythmé, Que la lumière soit, 1967.
«Agam montre l’élément lumière libéré de ses rapports avec tout objet ou tout matériau étranger et ceci, dans l’espace intérieur d’une sphère ingénieusement construite par Pierre Faucheux. Cette sphère est totalement vide et ne contient aucune référence à quoi que ce soit; sa surface intérieure courbe, blanche et immaculée se prête à recevoir et à rendre toutes les énergies, particulièrement celles du son et de la lumière. Dans ce contexte, la lumière vivante, élément essentiel de cette proposition, ne se manifeste qu’à partir du cri du spectateur: dès que l’action de celui-ci cesse, il se trouve plongé dans le noir. Dans la vision de l’artiste, seules les manifestations sonores de l’énergie du spectateur, doivent rendre la lumière visible dans un environnement donné, dans un espace purifié.» Frank Popper, L’Art cinétique, Gauthier-Villars, 2e édition, 1970, p. 211

Christian Boltanski


Christian Boltanski, Les Archives du cœur, 2008

L’installation utilise les battements de cœur de l’artiste:

«C’est mon propre cœur que j’ai enregistré il y a maintenant plusieurs années et qui est relié par un petit système électronique à une ampoule. Donc l’ampoule bat au même rythme que mon cœur. Quand j’ai fait ça, je me disais que c’est un autoportrait, tout naturellement, que finalement ça remplaçait une photographie. Et qu’on pourrait imaginer que chez soi, au lieu d’avoir un album de photos, on ait des CD des gens qu’on aime. Et que de temps en temps on se passe leurs cœurs.» suite

George Brecht

«Si on tire une expérience artistique de la composition de Brecht, allumant et éteignant la lumière tous les soirs ou tous les matins, tout le monde est [artiste], tu vois? […] Si on peut retirer une expérience de la vie quotidienne, des ready-made quotidiens, si on peut remplacer l’expérience artistique par cela, alors on élimine complètement le besoin d’artistes. Tout ce que j’ajouterais et je dirais, eh bien, c’est qu’il serait encore mieux d’obtenir une expérience artistique d’une chaise de Charles Eames, disons. Ainsi on a une bonne chaise sur laquelle on peut s’asseoir, plus une expérience artistique quand on s’assoit. On fait d’une pierre deux coups et on n’a toujours pas besoin d’artistes, mais on a besoin de quelqu’un comme Charles Eames, ah, ah.» Entretien avec George Maciunas par Larry Miller, 24 mars 1978 http://www.lespressesdureel.com/EN/extrait.php?id=226&menu=

Nam June Paik (Olafur Eliasson, Paul Sharits)


(Olafur Eliasson, Round Rainbow, at the Hirshhorn Museum;
Paul Sharits, Shutter Interface, at the Hirshhorn Museum;)
Nam June Paik, One Candle, Candle Projection, at the U.S. National Gallery of Art.


Nam June Paik, One Candle 1979-1992,
© Estate of Nam June Paik, Museum für Moderne Kunst,
Frankfurt am Main, Axel Schneider, Frankfurt am Main.
http://arttattler.com/archivenamjunepaik.html

Tony Oursler


Tony Oursler, Switch (Talking Light). 2 caméras de surveillance ; 1 moniteur de contrôle, 5 poupées, 1 sphère en fibre de verre, 2 ampoules sonores, 6 bandes vidéo couleur, son et silencieux (fr. ang.), 4’29 » à 34’14 » Collection Centre Georges Pompidou, Paris.

« L’installation est composé de 7 éléments éparpillés dans le musée. Switch est un mot suffisamment vague pour que l’on puisse l’entendre comme un changement, une permutation, un échange, un détournement, ou encore comme le fait d’éteindre ou d’allumer quelque commutateur. Les Lumières parlantes (deux ampoules synchronisées avec du son) ne se parlent pas véritablement: elles déroulent plutôt leur monologue. Mais l’échange existe virtuellement, comme par complémentarité, puisque la rouge, associée à une voix masculine, défend la vision négative du « moi », alors que la verte, associée à une voix féminine, en défend une vision positive. Le « Metteur en scène » ou « Réalisateur » (director), donne des instructions à une équipe que nous ne voyons pas, et la sensation qu’il doit s’agir de nous-mêmes nous envahit soudain, renforcée par certaines phrases telles que : « Vous êtes tous là en même temps, dans le même espace », ou : « Eh, toi ! le type avec le visage, je te vois bouger !» Jacinto Lageira